En mars 2004, cela fera 20 ans que Philippe Mariotti, membre de la mission militaire française, a péri dans un accident de voiture.
Comme le révèlent les dossiers du ministère de la Sûreté intérieure de l’Etat, cet accident n’avait rien d’anodin. Le 24 mai 1985, un an plus tard presque jour pour jour, Arthur D. Nicholson, membre de la mission militaire américaine, était abattu par une sentinelle soviétique. Ces deux affaires sont le prétexte à une exposition du Musée des Alliés sur l’histoire des missions de liaison militaires des trois puissances occidentales à Potsdam. Il s’agira de présenter à un public intéressé le travail jusque-là peu connu des missions.
Fin 1944, à Londres, la European Advisory Commission des futures puissances occidentales arrêta de façon très concrète les grandes lignes de l’occupation de l’Allemagne. L’idée de mettre en place des « missions de liaison » au service des commandants en chef des différentes zones d’occupation remonte à cette époque. Suite au premier accord bilatéral que conclurent l’Union soviétique et la Grande-Bretagne en septembre 1946, des accords similaires furent passés avec les Etats-Unis et la France en avril 1947.
Jusqu’à leur clôture en 1990, les missions poursuivirent deux objectifs militaires: le maintien des contacts et de la communication, même à l’apogée de la guerre froide, et l’obtention d’informations utiles. Du fait de la liberté de mouvement dont elles bénéficiaient dans de vastes parties de la RDA, les missions occidentales étaient pour le moins prédestinées à ces travaux de reconnaissance. De son côté, l’Union soviétique avait elle aussi posté des missions de liaison auprès des trois Alliés stationnant en République fédérale.
Dans la mesure où les missions occidentales avaient été accréditées auprès du commandement suprême de l’Union soviétique et où les traités instituant les missions avaient été conclus avec cette même Union soviétique, la RDA, qui ne pouvait pas entreprendre grand-chose contre leurs activités, se trouvait dans une situation inconfortable. Ne voulant pas renoncer aux informations de ses propres missions en République fédérale, l’Union soviétique se refusait à résilier les traités existants. Les organes d’Etat de la RDA tentèrent toutefois d’entraver le travail de ces missions et déclenchèrent une série d’incidents qui allèrent parfois jusqu’à entraîner la mort des personnes concernées.
S’aidant de textes, de photos, de documents, d’objets en trois dimensions et de projections, l’exposition illustre le travail de ces missions dans le contexte des événements évoqués ci-dessus.
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