Berlin – City of Relevance commémore le 50e anniversaire de l’accord quadripartite du 3 septembre 1971. La nouvelle exposition temporaire emprunte des voies innovantes en matière de présentation et d’interprétation d’objets historiques. Le Musée des Alliés possède trois des tables de conférence autour desquelles l’accord a été débattu. Le musée a invité Rick Buckley, artiste britannique et commissaire de l’exposition, à concevoir également une intervention à partir de ces tables.
L’artiste, qui vit à Berlin, a réalisé une reconstitution cinématographique du cadre historique sur le lieu même des négociations – le siège du Conseil de contrôle allié, qui abrite aujourd’hui à nouveau un tribunal (Kammergericht). Sa vidéo « The Ambassador » constitue le point d’orgue de l’exposition.
Depuis la fin de la guerre en 1945, l’ancienne capitale du Reich est placée sous l’autorité commune des quatre puissances, mais est devenue une pomme de discorde permanente au fil du conflit Est-Ouest. Tandis que Berlin-Est est depuis longtemps intégrée à la République démocratique allemande (RDA) et donc dans la zone de pouvoir soviétique, la situation de la moitié occidentale de la ville se précarise de façon continue. Berlin-Ouest forme une sorte d’exclave ceinte par la RDA et ne fait partie de la République fédérale d’Allemagne (RFA) que dans une mesure limitée. Il en va de sa viabilité.
La détente à l’œuvre dans le conflit Est-Ouest en Europe et dans le bras de fer mondial amène les quatre puissances à entamer des négociations sur Berlin. Le statut quadripartite de Berlin reste inchangé. L’URSS en renforce toutefois la stabilité en s’engageant à ne pas vouloir le modifier au profit de Berlin-Est. L’accord quadripartite rend moins aléatoire la traversée en transit de la RDA depuis et vers Berlin-Ouest, permet les visites en RDA depuis Berlin-Ouest et stabilise les liens entre Berlin-Ouest et la RFA.
Après l’accord, une certaine normalité s’instaure à Berlin-Ouest, isolée sur le plan géographique comme politique. Elle demeure pourtant suffisamment « anormale » pour nourrir le mythe qui entoure l’« îlot » ouest-berlinois depuis les années 1970 et 1980.
Un des moteurs fondamentaux du travail de Rick Buckley est d’explorer la frontière ambiguë et souvent floue entre la vérité et la légende, la réalité et la fiction. Il s’inscrit ainsi dans une tradition qui cherche à poursuivre et à réinventer l’histoire (ou les histoires) par des moyens artistiques, qu’il s’agisse de sculptures, de photographies, d’installations, de vidéos, de films ou de livres.